Les ouvrages théoriques sur la psychanalyse ne manquent pas. Mais sujet tabou, chasse gardée des analystes, la représentation de la psychanalyse par ceux qui l’ont vécue, tout comme sa pratique, n’avait jusqu’à ce jour fait l’objet d’aucune réflexion, d’aucune enquête. Le livre de Dominique Frischer vient enfin combler cette lacune. L’auteur, psychosociologue et elle-même analysée, a recruté par annonces une centaine de volontaires qui lui ont parlé longuement de leur analyse et surtout des résultats de la cure... Mieux être incontestable, amélioration infime ou aggravation indéniable, les opinions divergent. Y aurait-il de bons et de mauvais analystes, ou bien la psychanalyse serait-elle une thérapeutique qui ne convient qu’à certains ? Comment savoir si la psychanalyse permettra de faire naître l’être merveilleux que chacun croit porter en soi ? Cela donne un livre passionnant, foisonnant, riche d’humanité et de souffrance, mais où les questions impertinentes sont nombreuses : le rôle de l’argent est-il vraiment primordial ? Pourquoi les cures, qui du temps de Freud ne duraient que quelques mois, dépassent aujourd’hui douze ans et davantage ?... Bref, en s’intellectualisant à l’extrême, la psychanalyse n’a-t-elle pas un peu oublié sa vocation thérapeutique, pour devenir un élément du cursus particulièrement prisé des classes aisées ? Comment expliquer la fuite hors de la réalité politique d’un grand nombre d’anciens militants passés par le divan ?