La localisation des industries

L'évolution des localisations industrielles s'effectue avec une ampleur et une rapidité imprévues. Parmi les facteurs multiples qu'elle exprime, sont décisifs le rythme de la croissance économique, la révolution technique dans l'industrie et dans les transports, l'accroissement de la dimension des firmes. La nouvelle répartition des industries a d'abord été sensible au niveau de la région et dans un cadre national. Elle y a pris, par exemple, la forme spectaculaire de la concurrence entre l'industrialisation littorale et la désindustrialisation des vieilles régions industrielles. Si cette mutation a été particulièrement visible pour l'industrie lourde, les industries de transformation ont acquis une telle souplesse dans leurs conditions de localisation qu'est apparu un nouveau type d'espace économique, « l'aire d'indifférence de localisation ».Avec la « division internationale du travail », cette mutation déborde aujourd'hui le cadre des Etats. Il ne s'agit plus seulement d'une nouvelle répartition des industries dans un cadre régional ou national, mais d'une redistribution mondiale des activités industrielles. Elle suscite, dans les vieux Etats industriels, une grande inquiétude et pose une question décisive, celle du redéploiement industriel.Simultanément, une telle mutation engendre de nouveaux types d'organisation de l'espace généralisés par les politiques d'aménagement du territoire. Ces nouveaux sites et ces nouvelles structures sont indépendants de la trame industrielle héritée du dix-neuvième et de la première moitié du vingtième siècle : ainsi apparaissent des déséquilibres fondamentaux de croissance intrarégionaux et interrégionaux qui sont l'un des problèmes critiques de l'Europe du Nord-Ouest et que la politique des localisations industrielles n'a pas aujourd'hui maîtrisés.Charles Gachelin est maître-assistant à l'Université de Lille I.