Il est rare qu’un ingénieur contribue de façon décisive à l’élaboration d’une théorie physique. Il est encore plus rare qu’il le fasse sous la forme d’un livre, et d’un livre destiné à tout le monde. C’est pourtant le cas des Réflexions sur la puissance motrice du feu, publiées en 1824 par Sadi Carnot. Étudiant pour la première fois la rentabilité des machines « sous un point de vue assez général », il parvient, en une trentaine de pages, à définir réversibilité et cycle, et à énoncer le « Second principe » de la thermodynamique, vingt ans avant que Joule établisse le « Premier » ! De la rencontre entre les machines de la révolution industrielle anglaise et le milieu scientifique issu de notre Révolution, une science nouvelle est née : c’est à cette naissance que nous assistons ici.