Un regard neuf sur l'entreprise et ses mutations contemporaines.
Le monde de l’entreprise est en pleine mutation. Le sentiment que l’on arrive au bout d’un modèle d’organisation et de management est désormais très largement partagé. Les tourments de la perte de sens montrent qu’il est grand temps de changer de modèle. Cette aspiration au changement est reprise avec enthousiasme par les cadres et dirigeants eux-mêmes qui proposent de « libérer l’entreprise ». Ils promeuvent alors l’autonomie, la liberté, la responsabilité, la suppression des hiérarchies… Pourtant, et aussi séduisante soit- elle, cette approche souffre d’un défaut originel : les entreprises ne peuvent être le monde de l’autonomie et de la liberté ! Elles sont au contraire le monde des dépendances assumées dans lequel chaque participant renonce à déterminer seul son action pour la définir de façon coopérative avec les autres… et faire mieux ensemble ! En tant que lieu de l’interdépendance choisie et de la coopération volontaire, l’entreprise est nécessairement le lieu du dialogue au travers duquel se tissent et se retissent en permanence les fils de l’action commune. Cette pratique du dialogue ne suppose pas la suppression des règles ou de l’autorité mais leur refondation. C’est un défi pour le management que de savoir soutenir, animer et organiser le dialogue. Ce sont les voies d’un management par le dialogue que L’entreprise délibérée entend explorer.
En dépassant le concept d'entreprise libérée, l'auteur aborde la vie en entreprise de manière fondamentalement nouvelle et moderne en s'inspirant de son expérience et de ses recherches.
EXTRAIT
De façon symétrique, les employeurs se retrouvent aujourd’hui autour d’un discours valorisant non plus l’exécution docile des prescriptions organisationnelles mais l’engagement, l’initiative, l’innovation. Dès lors, tous interrogent directement la question des modes d’organisation et de management dans leur capacité à produire de la reconnaissance des personnes au travail, en tant que personnes précisément, c’est-à-dire des êtres rationnels (dotés d’intelligence sur laquelle l’organisation peut parier), créateurs (capables de prendre l’initiative et de façonner l’organisation, pas uniquement de la subir) et doués de parole (susceptibles de prendre voix dans le projet commun).
Il faut donc produire un nouvel accord non plus avant tout, ou non plus seulement autour de la redistribution des richesses mais aussi autour des modes d’organisation et de management susceptibles de garantir de la reconnaissance. De même que le vieil accord redistributif (l’accord fordien) a été le ressort des performances de la deuxième partie du XXe siècle, le dynamisme économique et social du XXIe siècle reposera certainement sur la capacité à produire un nouvel accord qui prenne en ligne de compte la question de la reconnaissance. C’est de ce nouvel accord productif autour de la qualité du travail et pas seulement de la qualité de l’emploi que dépendront les possibilités de performance et de développement de demain.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Mathieu Detchessahar est professeur de Management à l’Université de Nantes et auteur de Le marché n’a pas de morale (ed. du Cerf).