Ils mangent les archevêques. Ils font rôtir pour les manger deux archevêques envoyés à leur conversion. Partant des “huiles” de Goya qui décrivent le martyre de saints Jean de Brébeuf et Gabriel Lallemant, deux religieux dévorés vifs par les Iroquois, il découvre cette pratique du POTLATCH de la Côte Ouest du Canada, au bord du Pacifique où se perpétuent les vestiges de l’Économie du Don. Voulant retrouver lui-même cette sorte d’échange il accomplit un long périple imaginaire qui le mène de marché en marché d’une caverne des Mille et Une Nuits aux rives de la Colombie Britannique chez les Indiens Haïda. Par la Nouvelle-France où il recueille les propos du merveilleux Baron de Lahontan, jusqu’aux rivages enfin de l’Armorique situés comme une étendue de silence et de paix à la borne du livre. Il espère ainsi saisir le mouvement de l’écriture : la dépense pour se faire valoir, s’apercevant peu à peu qu’il n’est sans doute qu’un avaricieux qui se dissimule. Mais dans le même temps reconnaît en cette pratique effrénée du Récit la forme ultime d’une prestation totale : agonistique, qu’il doit rapprocher des actes et du théâtre de la Cérémonie du Don : LE POTLATCH.