« On dira de ce livre qu’il est inopportun. A la vérité, il est importun et a le courage de l’être » : ainsi Robert Escarpit présente-t-il lui-même son ouvrage. Mais, ajoute-t-il, « parler d’un tel problème hors de saison est peut-être la seule chance d’en parler avec sérénité ». Il faut d’abord dégager la querelle scolaire du verbalisme et donner au vocabulaire laïque un contenu nouveau. Ce contenu sera un contenu social. Être laïque, c’est, au nom du peuple, faire éclater les castes et les oligarchies. Ces dernières se défendent par un cléricalisme qui n’est pas forcément religieux mais qui enrôle volontiers la religion à son service. Des raisons historiques expliquent pourquoi l’Église catholique s’est laissée tenter par cette complicité qui, en soi, n’a rien de fatal. Le combat est surtout rude autour de l’école qui est, au service du peuple, une arme de conquête sociale. C’est pourquoi le peuple exige « que jamais, sous aucun prétexte d’opinion, de croyance ou d’intérêt, aucune partie n’en puisse être réservée à quelques-uns ». C’est là l’exigence laïque fondamentale. En dehors d’elle, il n’y a que de faux problèmes. L’Église catholique se dégagera-t-elle de ses complicités et acceptera-t-elle le pari laïque, le pari du peuple ? Ses origines l’y poussent, car la religion du Christ était une religion laïque. Déjà de nombreux catholiques ont choisi la laïcité. Seront-ils suivis ? Sans trop l’espérer, Robert Escarpit le souhaite.