Trois années de grève avec occupation d’usine. Une si longue grève de femmes, même au pays de Germinal, c’est un évènement unique. Le temps a passé : c’était entre 1975 et 1978. A l’époque, la CIP, enfant naturelle et légitime de LIP, poursuivait le rêve autogestionnaire des occupations d’usine et des reprises ouvrières de la production. A LIP, des ; montres. A la CIP, des chemises sauvages au secours de l’emploi. Que reste-t-il, aujourd’hui, quand la grève se retire ? Point de grand chambardement. Pourtant rien n’est plus comme avant. Les femmes de la CIP nous disent ici le quotidien. Celui du boulot, de la maison, des enfants, du mari... Celui aussi du syndicat, de la politique, de la lutte des classes. Après des mois d’enquête, avec des centaines de pages d’interviews, Anni Borzeix et Margaret Maruani construisent ce récit à plusieurs voix, en laissant la parole aux actrices. Les lendemains n’ont pas effacé la grève. Le temps des chemises a laissé son empreinte : des bouleversements de fil en aiguille, des transgressions en douceur et en profondeur, une subversion tranquille. Une aventure racontée à la manière des ouvrières du Nord, avec modestie et impertinence en un mélange de pudeur et d’irrespect.