Voici un notable égorgé, une instruction à rebondissements, une floraison de rumeurs ; dans une société en crise, des protagonistes de toute condition, une actrice de génie et, surtout, l’histoire exemplaire d’une création collective. L’idéologie ne déforme pas la réalité, elle l’invente. Mais cette invention a ses règles, ses enchaînements de nécessité. La réalité chemine à travers les discours publics ou privés, ceux que l’on magnifie et ceux que l’on déprécie, ceux que l’on décape et ceux que l’on recouvre, et dans le mouvement même par lequel on les exalte ou les camoufle. Considérée sous cet angle, l’affaire Fualdès échappe à l’anecdote, quitte le plan somme toute bénin du mystère judiciaire pour devenir autre chose : une déchirure critique dans l’opacité savamment entretenue du fonctionnement d’une société. Elle montre comment on atteint la « vérité », elle donne en somme une leçon de logique sociale.