Ce Maupertuis, qui est-il ? Peu d’hommes célèbres ont déchaîné autant d’inimitiés et de sarcasmes. Fut-il un « audacieux intrigant », qui se faisait « louer par un tas de grimauds subalternes, par un nombre prodigieux de sots, par des femmes de qualité auxquelles il persuada d’apprendre la géométrie » ? Pour l’essentiel, sa légende vient de Voltaire qui, après l’avoir aimé, devint son ennemi juré. Il raillait sa découverte de l’aplatissement de la terre aux pôles en deux méchants vers : Par moi, dit-il, le globe est aplati Rien n’est plus plat, tout le monde l’avoue. Mais au-delà de ces railleries ? Jean Rostand voit en lui « le courageux explorateur, l’introducteur de la théorie de Newton, le cosmologue, le philosophe, le moraliste, et surtout le biologiste ». Est-ce tout ? S’appuyant sur la belle pensée de Leibnitz : « Si je me trompe, je préfère que ce soit à l’avantage des personnes », Léon Velluz, soucieux de replacer l’homme dans sa vérité, brosse un portrait en pied de Maupertuis, où les ombres le cèdent très souvent à la lumière. Sur la toile de fond se profile une époque faite de visages autant que d’idées, ce XVIIIe siècle qui ne cesse de briller devant nos regards. Biographie d’un temps ou histoire d’un savant, ce Maupertuis est si vivant qu’on ne sait plus, au bout du compte, si c’est le siècle qui ressemble à l’homme ou le contraire.