Martin, ce n’est pas seulement le fondateur des abbayes de Ligugé, de Marmoutier, l’évêque élu de la ville de Tours, l’apôtre des Gaules ; Martin, c’est aussi un moment de la France et de l’Occident, à l’aurore du christianisme, avant que brille, sur ce même Occident arraché au paganisme, le grand soleil de la Chrétienté. Dans cette perspective, il a paru intéressant à Roland Cluny de faire revivre une société dont Martin de Tours fut en quelque façon l’initiateur, produit d’un terroir — notre terroir — duquel lui-même apparaît aujourd’hui comme l’un des fruits les plus savoureux. En ce récit volontairement romancé, se trouvent consignés, bien sûr, les épisodes majeurs de la vie et de l’apostolat de saint Martin, figure entre toutes populaire du martyrologe français ; mais encore — surtout — son caractère y est peint et la psychologie de ses contemporains étudiée de façon attentive, dans le moment même où, un à un, il les tirait de l’ombre païenne pour les offrir au Christ. Roland Cluny a voulu, ici, non plus faire œuvre d’historien ou de biographe, mais composer un récit où revivraient les hommes d’une époque qui vit éclore les premières communautés monastiques et les premiers sanctuaires de notre pays.