Son intelligence s'était éveillée avec une ardeur exceptionnelle. A quatre ans elle savait lire et, à partir de ce moment, son instruction, dit-elle, ne devait plus guère donner d'autre peine que celle de pourvoir à sa lecture. Elle apprit d'abord l'Ancien et le Nouveau Testament, les catéchismes et tout ce qui lui tombait sous les yeux. Elle lut la Vie des saints, les Guerres civiles d'Appien et un Théâtre de la Turquie, et des Mémoires, et des Voyages, et un Manuel de l'Art héraldique ! Que ne lisait-elle pas ! Il fallut un Traité des Contrats pour la rebuter. Mais, vers ses huit ans, elle découvrit dans le Plutarque de Dacier l'aliment qui allait satisfaire pendant des années à l'essentiel de ses aspirations et, pendant le carême de 1763, elle emporta pieusement à l'église les Vies des hommes illustres en guise de livre d'heures. Ainsi se décida cette vocation républicaine.
À PROPOS DE L'AUTEURE
Madeleine Clemenceau-Jacquemaire, née le 2 juin 1870 à La Réorthe, en Vendée, et morte le 8 février 1949 à Paris, est une romancière, biographe et traductrice française. Durant la Première Guerre mondiale, Madeleine Clemenceau est infirmière major. Dès 1915, elle est citée à l'ordre de l'armée pour sa bravoure : « Madame Jacquemaire-Clemenceau, infirmière de l’Union des femmes de France a non seulement donné aux blessés ses soins les plus dévoués mais a aidé à leur transport effectué après un violent bombardement, en donnant des preuves d’un esprit de décision de sang-froid remarquable ». Après la guerre, Madeleine tient salon, publie des romans et biographies, elle est une femme de lettres reconnue dans la société parisienne.