Dès que l'on pénètre dans le rayonnement d'un tel homme, il apparaît comme un de ces brandons, dont l'ardeur, sur le fond obscur de « tout le reste » — selon l'expression même de son ami Léon Blum, — suscite irrésistiblement la flamme des plus purs enthousiasmes.L'incontestable personnalité de l'Abbé Bergey revêt, en tout cas, des aspects multiples et toujours captivants.L'orateur hors pair ? Non seulement il est analysé dans sa manière très particulière, mais une série de photographies - peut-être unique dans l'histoire de l'art de la parole - le rend présent jusqu'à l'hallucination.L'aumônier régimentaire ? Ceux qui restent encore de cette « vieille infanterie », la « reine martyre des batailles », retrouveront dans le prêtre des « tranchées boueuses et des gourbis humides — et que l'on vit en plein feu et grièvement atteint, — l'allant et l'esprit de sacrifice de la race.Mais l'Abbé Bergey fut encore homme politique, apôtre, conducteur de foules, initiateur d'immenses pèlerinages et… simple curé de campagne !C'est dire que la rigueur de l'Histoire - et le plaisant de l'anecdote vécue - s'allieront dans ces pages, où s'insèrent - en une juxtaposition stupéfiante - les noms des hommes avec lesquels l'Abbé fut en contact — accord ou conflit — de Pie XI à Léon Blum, Maginot, Tardieu, Philippe Henriot, le Chancelier Schussnigg, le roi Boris, Mussolini au sommet de sa puissance et dont le redoutable affrontement n'a d'égal comme intensité dramatique - à la fin du livre, au Procès devant la Cour de Justice - que la bouleversante déposition d'un jeune Communiste rentré de Dachau.Une grande figure sur la fresque d'une époque qui devait s'achever en drame…Faut-il l'ajouter enfin ? L'auteur possède une irrécusable et toute particulière caution. Prêtre lui-même, ancien aumônier d'Infanterie en 14-18, intime ami de l'Abbé, il a imprimé sur son ouvrage un sceau indélébile : celui de la fidélité.Louis Planté