Durant près de vingt ans, de 1946 à 1964, deux courants de pensée se sont affrontés au sein de la CFTC. Pour l’un, le syndicalisme chrétien était absolument nécessaire en France, car lui seul pouvait rallier les travailleurs salariés (probablement la moitié) rebutés ou peu attirés par l’idéologie de lutte des classes. Pour l’autre, le syndicalisme chrétien était une formule « dépassée » et il devait donc disparaître. En raison d’une énorme disproportion dans les possibilités d’accès aux médias, l’opinion publique n’a à peu près rien connu des arguments invoqués, à l’appui de leurs points de vue, par les syndicalistes chrétiens. Le présent livre, d’où est exclue toute polémique, a pour objet de combler cette lacune. Il évoque d’abord brièvement les causes lointaines du conflit avant de décrire les péripéties, parfois pittoresques et inattendues, qui ont marqué les étapes successives du drame jusqu’à la rupture en 1964 entre CFTC et CFDT. Sont exposées ensuite les vicissitudes qu’eut à connaître la CFTC au cours des années qui suivirent la cassure, les partisans de la suppression du syndicalisme chrétien s’étant acharnés à empêcher sa survie. Dans la dernière partie du livre, on découvre pourquoi la liberté d’enseignement aurait, à peu près sûrement, disparu aujourd’hui en France si le syndicalisme chrétien n’avait pas été maintenu en 1964. En conclusion, l’ouvrage souligne que l’accident de parcours subi par le syndicalisme chrétien est sans doute l’une des principales causes de la crise de « désadaptation » que traverse actuellement le syndicalisme des salariés en France. Selon l’auteur, le syndicalisme chrétien correspond aux aspirations de 35 à 40 % des salariés de ce pays ; « la crise du syndicalisme, affirme-t-il, sera surmontée le jour où, grâce à un rééquilibrage de l’information, les salariés connaîtront enfin – car le plus grand nombre les ignore encore – les spécificités du syndicalisme chrétien. »