Cette biographie a ceci de particulier qu’il s’agit de la biographie d’un couple. Ils sont nés la même année, en 1861, tous deux de parents férus de politique. Ils se sont admirés avant de s’aimer, beaux, cultivés, bilingues, « réseauteurs habiles », ambitieux, généreux et, au-delà de tout, compagnons de route soudés autour d’un même projet : faire avancer le Canada français dans des domaines aussi variés que les arts, la culture, la langue, l’éducation, la diplomatie, les droits des femmes et des minorités.Joséphine, femme de lettres, fonde en 1893 Le Coin du feu, la première revue destinée aux femmes. Elle s’engage dans les toutes premières luttes féministes et se bat pour l’éducation des femmes. Militante culturelle, elle crée « L’Œuvre des livres gratuits » pour la diffusion de la lecture et se bat pour le développement des arts et la défense de la langue française. Raoul, organisateur politique des libéraux puis sénateur, est un conseiller privilégié de plusieurs premiers ministres. Diplomate, il s’illustre à la Société des Nations pour la défense des minorités et de la paix. Défenseur de l’autonomie du Canada par rapport à l’Empire britannique, il est considéré comme le père de la diplomatie canadienne.En puisant abondamment dans le journal de Joséphine et dans les mémoires de Raoul, ainsi que dans la correspondance qu’ils ont échangée, Marie Lavigne et Michèle Stanton-Jean tressent l’histoire de deux vies qui défie l’image que l’on se fait souvent des couples anciens. Elles n’hésitent pas à affirmer que Joséphine a été aussi diplomate que Raoul a été féministe.Chez eux, l’antique notion de devoir est remplacée par celles de plaisir et d’accomplissement, plaisir de retrouver en l’autre une complicité irremplaçable, d’escalader la vie à deux, de voir ses idées et ses idéaux triompher.