Comme tel illustre artiste de l’Orient était « fou de dessin », Nyssen, lui, est fou de langage. La sève, la saveur des mots souvent prennent l’initiative dans sa poésie, qui semble résulter de leur puissance, de leur qualité. Dans notre langage coutumier, les mots couvrent les choses, les revêtent d’écailles opaques, les alourdissent de pesanteur morte. Ici le mot est parfois animé : il a puissance éclairante et entraînante. A tel point Hubert Nyssen réclame-t-il toute-puissance du langage qu’il ne craint pas de recourir à l’invention, ou de puiser dans le trésor des mots rares. Ce sont là des épreuves qui mènent à l’aube simple des grands vers.