Pendant près de cent cinquante ans, le souvenir reconnaissant d’une Révolution française émancipatrice avait commandé les rapports entre les Juifs et l’idéologie ; traditionnellement et sentimentalement, et très souvent à l’opposé de leurs intérêts de classe, les Juifs se situaient à gauche. La fondation de l’État d’Israël, la condamnation de l’antisémitisme par Vatican II et les conséquences antisémites de la politique totalitaire suivie par les pays socialistes de l’Est ont remis en question, à des titres divers, l’alliance apparemment indéfectible entre le judaïsme et la gauche. Nulle conscience juive, quelque ancrée qu’elle soit dans des certitudes quasi ancestrales, ne pourra à la longue éluder une double interrogation : la gauche n’est-elle antisémite que par accident, la droite, en revanche, est-elle vraiment antisémite par nature ? L’essai se propose de fournir un certain nombre d’éléments historiques, le plus souvent niés ou ignorés, qui permettront d’y répondre en toute objectivité.