René Kerninon voulait mourir parce que celle qu’il aimait avait péri dans un accident d’avion. Plus rien ne le retenait dans un monde où il se sentait étranger à tous, où chacun lui était étranger. Son fils François manquait désespérément des qualités qu’un père souhaite rencontrer chez son successeur, sa belle-fille Sabine ne l’aimait pas en dépit de la tendresse qu’il lui avait toujours témoignée, son frère Yves le haïssait. Enfin, sa petite usine de conserves de crustacés ne l’intéressait pas au point de le retenir dans un monde où il estimait n’avoir plus rien à faire. C’est pourquoi, à Pascoet, nul ne fut surpris d’apprendre que René Kerninon avait mis fin à ses jours. Par contre, on s’étonna qu’il ait choisi une aussi vilaine façon de mourir : se noyer dans le vivier aux homards dont les terribles pinces... L’affaire aurait été classée pour ne point porter préjudice à une vieille famille bretonne très attachée aux choses de la religion, si l’inspecteur Pierre Masson qui, anonymement, fouinait dans le coin à propos d’une histoire d’espionnage, ne s’était mis de la partie.