Qui aurait pu croire, au début des années 1970, quand des milliers de prêtres décidaient de quitter l’Église, que Jean Cardonnel lui demeurerait fidèle ? Le plus rebelle des dominicains de l’époque avait derrière lui un passé de provocateur et de protestataire (contre la condamnation des prêtres ouvriers, contre la torture en Algérie et la colonisation, puis à la pointe des mouvements des années 68...), il s’affirmait alors admirateur de la révolution culturelle chinoise, et n’avait pas l’intention de baisser la garde face à la censure et aux tracasseries ecclésiales. Qui aurait pu parier qu’un quart de siècle plus tard, cet empêcheur de s’ennuyer en rond, qui disait avoir « épousé la Parole du tribun Jésus », ne s’en serait pas éloigné d’un pouce ?