Marcel Gonstran, un vieil ouvrier noir martiniquais, au moment de mourir évoque les souvenirs, sombres ou lumineux, qui ont emporté sa vie dans leur ronde. Jeune encore, il s’est pour un temps exilé en France où il rencontre et épouse Eléonora, bretonne aux yeux bleus et aux cheveux blonds qui lui donnera un fils débile..., « une reine », pense-t-il, et peu importe que ce soit une ancienne prostituée. Puis il est revenu au pays où il mourra malheureux et solitaire. La danse des souvenirs emmène constamment Gonstran de la décevante métropole aux Antilles, à ses amis, aux femmes qu’il a aimées, au monde de l’enfance. C’est la musique de l’écriture qui crée ici l’unité : douleurs, rires, joies, amertumes, tout est vécu au niveau de la sensation et de la sensibilité, dans une langue à la fois riche et naïve, d’une rare qualité poétique et qui ne doit rien au pittoresque ni au folklore. Une voix antillaise jamais entendue.