Hegel est suspect dès qu’il parle d’histoire. N’est-ce pas lui, ce penseur totalitaire d’une histoire déjà finie, qui aurait culminé avec lui et ce, accessoirement, dans les discutables effluves d’une Prusse réactionnaire ? N’est-ce pas lui qui aurait escamoté, par la magie d’un monisme spiritualiste nébuleux, le mal dans l’histoire, renvoyé en pertes et profits de l’histoire universelle ? Au-delà de ses points de passages rituels (l’idéalisme, la ruse de la raison), qui en font un des textes les plus utilisés des études philosophiques, la Raison dans l’Histoire revêt, de par ces soupçons, une actualité toujours plus grande, ce qui n’est pas le plus mince paradoxe d’un texte réputé pour avoir voulu clore l’histoire. Ces Premières leçons accompagnent, sans la remplacer, la lecture du texte : elles fournissent les clés d’une compréhension intime et d’une exploration modulable. François Cavallier est agrégé de philosophie.