Dans sa maison en dehors de la ville, chaque matin le vieux Dheune compte une victoire nouvelle sur la nuit puisque « c’est la nuit qu’on meurt », et que sa femme Marie, paralysée et mourante, est encore en vie. Près de lui vivent son gendre, Jean Maille et sa fille. Il hait son gendre qui voudrait commander à sa place et il méprise sa fille qui obéit passivement. Ce matin, le couple juge inutile d’aller chercher le médecin pour leur mère puisque, comme le dit Jean Maille : « les pieds sont déjà morts ». Sous la menace de son fusil, le vieil homme décide sa fille à aller le chercher, puis, tranquillement, il se met à nettoyer son arme. Le médecin est venu et a déclaré que « c’était la fin ». Poussé par un obscur instinct, Dheune a saisi une nouvelle fois son fusil et a tiré sur une chemise de Maille qui sèche sur une corde du hangar ; il lui montrera ensuite le trou qu’il a fait dans l’étoffe, « à la place du cœur ». C’est en palpant lui-même l’étoffe de cette chemise qu’il pense au guérisseur qui habite dans un bourg voisin et, se refusant au verdict du médecin, il décide d’aller le trouver ; il met dans une valise une chemise de nuit de la malade et prend l’autobus. Chez le guérisseur, la consultation a lieu, les « passes » sont faites sur la chemise. En attendant l’autobus qui le ramènera chez lui, Dheune s’arrête au café et, détendu, confiant, lui qui n’a plus touché une carte depuis le début de la maladie de sa femme, accepte de jouer la partie qu’on lui propose. Durant cette partie, un mauvais plaisant, à demi ivre, lui subtilise sa valise. Le vol découvert, Dheune trouve à ses côtés des hommes de bonne volonté pour l’aider dans sa recherche afin que sa femme mourante ait cette chemise « avant la nuit », car, cette fois, lui-même le dit, « elle passera pas la nuit ». Une fouille systématique s’organise. On finit par trouver le coupable, mais celui-ci, sous l’effet de l’alcool, a été rendu demi-fou par la possession de cette chemise et, de crainte qu’on lui enlève, a lacéré l’étoffe de coups de couteaux. Il n’en restera que des lambeaux grands comme la main : Marie Dheune ne la mettra pas « avant la nuit ». Cette histoire étrange, basée sur les mœurs et les superstitions d’une civilisation paysanne du midi devient peu à peu une tragédie étouffante.