Au fil d’un exposé incisif, Jacqueline Russ offre ici une synthèse unique en son genre : le nihilisme, parcours sans origine ni fin, incarne le tragique même de la condition humaine. L’auteur nous fait visiter longuement de nombreuses civilisations et cultures, de l’Antiquité jusqu’à notre temps ; partout et toujours, des figures particulières du nihilisme surgissent, manifestations variées du néant qui menace perpétuellement l’homme. Le nihilisme, ce compagnon de l’esprit, nous invite, sans relâche ni repos, à devenir le bon acteur de notre vie. Ouverture à l’action et à la création, n’est-il pas, de surcroît, le laboratoire de la poésie et de l’art modernes et contemporains ? Du romantisme à Maupassant et Mallarmé, les exemples sont ici nombreux. Si les nihilistes provoquent souvent quelque scandale, en vérité ils éclairent la situation créatrice de l’homme confronté à son « noyau infracassable de nuit ». Où va le nihilisme ? Si, de nos jours, le nihilisme de masse, morne et mesquin enfant du XXe siècle, projet de constitution d’un bonheur vide, tend à conquérir le monde, un nihilisme évolutionniste, lié aux avancées génétiques, se dessine, défi et enjeu central du XXIe siècle, où la figure de l’homme, plus que jamais, apparaît incertaine et précaire. Et si la correction des erreurs de la nature aboutissait finalement à l’angoissant « tout est faisable », à la transformation, à terme, de l’espèce ? L’homme, une étrange lumière qui peut s’éteindre ? Ne sommes-nous pas des Pygmalions métamorphosant leur propre statue ? Ce livre apporte une analyse approfondie du tragique humain à travers les siècles, avec un éclairage contemporain : il est au centre des questionnements de notre modernité, et intéressera les étudiants ainsi que l’honnête homme de notre temps, désireux d’explorer et d’inventorier les mutations du monde, mutations actuelles et à venir.