Quand le sous-lieutenant Jean-Yves Lemeur apprend son affectation au poste de Yen Tho, dans le nord du Tonkin, il est encore plein d’illusions et ne comprend pas qu’autour de lui les visages se ferment. Un mois de poste, ce n’est pas la mort d’un homme. Et puis il y a tant de choses à faire : organiser des patrouilles, prendre contact avec les populations locales, les rallier... Dès qu’il arrive dans son nid d’aigle de Yen Tho, Lemeur découvre que tout ce qu’il croyait était faux, que rien de ce qu’il a appris à Goët ne lui servira à grand-chose. La garnison est découragée, les sous-officiers eux-mêmes ne croient plus à la guerre. Lemeur aura beau lutter, s’entêter, se mettre à dos tout le monde, organiser des patrouilles d’une audace folle, sillonner en tous sens la jungle dangereuse où grouille un ennemi invisible. Le seul résultat qu’il obtiendra sera de perdre ses meilleurs hommes, de voir s’amenuiser peu à peu la troupe déjà si mince qu’il commande. Alors, un jour, Lemeur fera comme les autres. Il se mettra lui aussi à ne plus penser qu’à une chose : DURER JUSQU’AU CONVOI, jusqu’au prochain convoi qui les sortira tous, il l’espère, de l’effroyable piège dans lequel ils sont enlisés. Mais là-bas, dans les profondeurs insondables de la jungle du Tonkin nord, le Viêt-minh veille...