Rafael del Mar est né gitan, sous le soleil d’Andalousie, d’un père fusillé par les fascistes et d’une mère qui est morte de chagrin. Il a poussé comme l’herbe folle, chapardant pour manger, détroussant les troncs d’églises et rançonnant les rentières qu’affole sa plastique de beau garçon. Il est devenu torero avec une spécialité : celle de faire rire les spectateurs par ses paniques devant le toro. Peur non feinte qui le réveille la nuit en fuites éperdues... Aujourd’hui 15 août, Rafael doit toréer avec un inconnu, un Castillan, Santiago. C’est un gnome, laid, ridicule, enfantin. Lui, ce sont les Rouges qui ont tué son père. Santiago a payé pour pouvoir toréer, mais il est trop petit pour porter l’estocade et ne suscite guère que des quolibets. Quand Santiago vient frapper à sa porte, Rafael d’abord le rudoie, puis se prend de pitié pour ce reflet contrefait de sa propre misère. Avant la corrida, dont la peur lui tord le ventre, le gitan va s’employer à faire découvrir à son nouvel ami les joies de la vie. Il extorque par chantage un million de pesetas à Hiena, l’imprésario. Il fait prendre à Santiago son premier bain dans la mer, il l’emmène prendre son premier vrai repas dans un palace. Le fait initier à l’amour. Mais il faut bien aller, à la fin, à la corrida. Pour se venger, Hiena, l’imprésario, a révélé à Rafael que parmi les trois bêtes qu’ils doivent affronter, il y a un “toro assassin”. Dans ces arènes de fortune, devant une foule ignoble et féroce, la farce, pour les deux gamins, s’achève en tragédie. Miguel Guerra de Cea, résumant dans cette histoire son expérience de l’esprit espagnol et de la tauromachie, a écrit une fable exemplaire.