« J’ai une mère qui n’est pas du modèle courant », dit Lucien, le narrateur de cette histoire, un garçon qui a treize ans en 1919. Il est boursier, fort en thème, et sa mère Elodie est ouvrière d’usine. Mais il y a bien des mystères qu’il s’acharne à comprendre : Que fait Elodie lorsqu’elle s’enferme avec M. Claude, le wattman, sous prétexte d’invoquer les esprits ? Qu’y a-t-il dans la malle en osier cachée sous le lit ? Peu à peu, il devine qu’il est un bâtard, qu’Elodie a été chanteuse de caf’conc’, que le wattman est son amant. Les années passent. Le narrateur continue à se montrer un brillant sujet. Il se fait remarquer dans la préparation à Polytechnique et le maire de la ville, un radical-socialiste, envisage de lui donner en mariage sa petite-fille, car il serait bon pour ses électeurs d’introduire dans sa famille un intellectuel sorti du peuple. Cette réussite trouble étrangement Elodie. C’est qu’une fois de plus elle a un secret, un terrible problème qui ne peut se dénouer que dans le sacrifice et la tragédie. Qu’importe puisque son fils la fait entrer dans une légende inoubliable dont la rare puissance d’évocation est faite de respect, d’amour et de lucidité.