Pendant des siècles, le village a été le lieu de rassemble ment des hommes dans une France presque toute rurale et, au centre de ce village, l’église, dans une France presque toute pratiquante. Aujourd’hui, les villes dépeuplent les champs, la campagne s’urbanise, la tradition religieuse ne se conserve intacte qu’en de rares régions, la commune se laïcise. L’église, dans le village, n’est plus, souvent, qu’un monument historique... En soulignant les profondes transformations de l’église, du village et de leurs rapports depuis le début de ce siècle, Gabriel Le Bras a voulu présenter, dans son livre, les conditions actuelles – celles du déclin – pour expliquer les survivances comme les abandons. L’auteur analyse les liens étroits qui unissent la paroisse et la commune – liens à la fois religieux, humains et juridiques. Il démontre que l’église est, dans le village, comme le centre d’un pays, la capitale d’une communauté. Car, si l’église est la propriété de la commune, ses rapports temporels ne s’arrêtent point aux portes de la mairie. Ils s’élèvent jusqu’au Gouvernement. Civilement, l’église appartient à son pays ; canoniquement elle est un relais, une citadelle de l’Église universelle. Le village est donc cellule d’une nation, d’une Église -membre d’un Corps spirituel. Ainsi, le clocher que l’on aperçoit au loin dans la campagne française n’annonce pas seulement un village, un terroir, mais la portion de vastes puissances.