Il a été fait depuis plusieurs années, en Algérie comme dans toute l’Afrique, un grand usage du mot « socialisme ». Tout au long de la guerre de libération, le FLN avait affirmé qu’il entendait construire un socialisme algérien. En prenant le pouvoir après les accords d’Evian A. Ben Bella a ouvertement annoncé son intention d’entrer dans cette voie. En deux ans, des mesures très importantes ont été prises : En 1963 les « décrets de mars » ont institué l’autogestion ouvrière et paysanne ; un « secteur socialiste » a été ouvert ; la Réforme agraire a été lancée. Cela est-il suffisant pour déclarer l’Algérie « socialiste » ? Voici donc un premier bilan : Y a-t-il déjà participation des masses algériennes à la gestion du pays et à l’activité politique ? L’appareil d’Etat est-il démocratiquement contrôlé par le peuple algérien ? Le Parti unique, le FLN, a-t-il une vie réelle ? Le socialisme en question est-il compatible avec la coopération telle qu’elle est pratiquée, et la permanence des grandes sociétés européennes sur le sol algérien ? Gérard Chaliand, qui participa à la création de l’hebdomadaire algérien Révolution africaine dont il fut plus d’un an le rédacteur en chef adjoint, et qui est l’auteur d’études sur les problèmes politiques des pays sous-développés (notamment dans la revue Partisans) répond clairement à ces questions, au-delà de toute polémique.