Quel journaliste ne se pose pas la question ?... avant de le dire et après l’avoir dit ? Certainement pas l’auteur de ces textes. Comptable de l’exactitude des faits comme de leurs manipulations éventuelles, le journaliste connaît mieux que personne les contraintes de l’expression : le temps de dire, toujours trop court, l’espace pour dire, toujours trop réduit, les raisons de dire, jamais certaines, les vérités inaccessibles, les à-peu-près obligatoires... et jusqu’à la conscience en défaut. Le journaliste et le poète ont en commun le devoir de tout dire. Le poète, lui, a l’avantage de pouvoir le dire « contre les mots », et de le chanter parfois. Qui censure l’autre, du journaliste ou du poète ? Et lequel des deux donne le plus de courage à son double ? Dans ce livre, Roger Gicquel laisse le flot des mots rompre les barrages : nostalgie, amour, colère, ironie, dérision, tendresse par-dessus tout. Ces « Poèmes et Chansons » ne sont que des étapes. La vie, par chance, n’est ni simple, ni tranquille. Et puisqu’elle est faite de contradictions, elle est faite de poésie. Amant des idées, assassin des mots, ami des émotions, le poète en nous finit toujours par lever son masque.