La pensée vraie, dit-on, se doit de n’appartenir à personne. Un théorème est sans humeurs, sans âge, sans siècle, texte pur, structure sauvée de la mort par relations internes, comme la monade. Pourtant, les énoncés philosophiques ont — au moins aussi — une autre vérité. Quelqu’un parle. Il parle à quelqu’un. Il essaie. Se perd. Se retrouve. Cela veut dire. Dit parfois. Plus souvent laisse dire. Et voici que la mort revient, avec sa poésie toujours inachevée, avec le temps, avec l’histoire et son désordre. Ou les ruses de son désordre. On peut lire dans tous les sens. Inventer. Il n’y a pas de jeu dans ce jeu qui ne se laisse pas déduire, parce qu’on n’en connaît pas les règles, sauf la plus banale : le mortel, lui, a des humeurs, un âge, un siècle, et son désordre, de moins en moins libre, finit par débrouiller quelque idée directrice d’un passé encore vivant devant un avenir perdu.