Cette phrase donne le ton de ce livre bourré d’idées, d’anecdotes, de traits, de portraits où malice et intelligence abondent, mais jamais la méchanceté. Dussane, non seulement s’y raconte, mais raconte aussi la chronique théâtrale d’une époque qu’elle a vécue passionnément avec la curiosité avide et avertie d’un témoin de qualité. Mais c’est la curiosité issue d’une disposition d’esprit alliant la bienveillance du cœur à une extrême acuité du regard (et de la plume) — les personnages n’y sont pas définis par leurs ridicules (jamais en tout cas par leurs seuls ridicules). Sans doute est-ce là ce qui fait l’incomparable « charme » de ces souvenirs. Par les Fenêtres, c’est Paris de 1910 à nos jours, Anatole France et Jaurès, Gide, Claudel, c’est Berthe Bovy, Réjane, Bourdet, Fresnay, Jouvet. C’est la Comédie-Française d’entre les deux guerres, les salons, les conférences aux Annales, la classe au Conservatoire, enfin les débuts à la Radio et à la Télévision. En un mot, la chronique d’une époque magistralement restituée avec la lucidité et l’art d’un grand écrivain.