A la dernière page de son précédent livre Grand Reportage, Michèle Manceaux écrivait : « Je me réveillai à l’aube, inspirée. J’allais écrire un roman d’amour. L’intrigue se nouait à Venise. Déjà les mots venaient, portés par la brise. Ils s’élevaient de Torcello, de l’isola del Deserto. On devinait l’impalpable. » Michèle Manceaux a tenu sa promesse. L’héroïne pourrait s’appeler Kay, le jeune homme Lorenzo, mais ils ne s’appellent pas. Ils se cherchent à l’intérieur d’eux-mêmes. Le jeune homme a presque vingt-cinq ans, elle presque le double. Pourtant, ce n’est pas la différence d’âge qui crée entre eux un malaise. Le silence vient d’ailleurs, de l’enfance sans doute, de cette enfance qui flotte avec eux sur l’eau de la lagune. Aventure très forte, dialogues très simples, la mort est proche et on y pense mais le pourquoi pas de ce livre est un défi amoureux. Un défi littéraire aussi (Venise après tant d’autres...). Il fallait la distance ironique, la subtilité lyrique de Michèle Manceaux pour que Venise suscite encore un beau roman d’amour ou l’art commande.