Louis Beirnaert, jésuite psychanalyste. S’il avait pu raconter son expérience, « ce serait, disait-il, le récit de ce qui s’est passé dans mon âme jusqu’au moment où, dans la désolation, je me suis rendu compte qu’à me nommer jésuite et psychanalyste le et était de trop ». Cette unité paradoxale à laquelle il s’est senti tenu dans sa vie se retrouve dans son œuvre. Pour prendre deux exemples : quand il montre que, par-delà le problème du bien et du mal, des moyens et des fins, l’authenticité d’un acte éthique se repère à celle du désir qui y est mis en jeu, pour laquelle il n’est pas de garant hors de soi. Ou quand, relisant saint Ignace, il relève que le fondateur de la Compagnie de Jésus avoue s’être trompé tant qu’il attendait une réponse de Dieu, pour comprendre ensuite qu’il fallait reconnaître l’altérité totale de Dieu et s’y soumettre, en sachant qu’il ne pouvait pas savoir ce que veut Dieu. Avec une rigueur sans complaisance, Louis Beirnaert voit à l’œuvre dans des vies, des pratiques, des textes, chaque fois le cheminement vers la « vérité du désir » : soit, ce qui fait « question pour tout ce qui a condition humaine ».