Etiemble, ici, ne mâche pas ses mots ni ne réprime ses colères. Il condamne sans appel la pornographie (et ses marchands) qu’il tient pour « le plus sûr ennemi de l’amour ». Mais loin de lui l’intention de prôner le puritanisme et la chasteté. Dans ce livre, avec la verve et l’érudition d’un grand polémiste, il s’agit seulement de réapprendre à distinguer ce qu’en ces années confuses, on se prend à confondre. « Préfacier de la Vita Sexualis, ajoute Etiemble, j’écrivais jadis : ce n’est point en accumulant les mots sanieux et les situations repoussantes qu’on obtient les œuvres les plus fortes concernant la vie charnelle. Aujourd’hui je persiste et me contresigne. Car la pornographie c’est notamment le contraire de l’érotisme qu’il ne faut pas, lui, condamner à la légère. » Qui donc, après avoir lu Etiemble, s’y risquerait encore ? La pornographie remise à sa place, l’érotisme passionnément célébré, comme il le fut dans l’histoire, d’une civilisation à l’autre, on verra comment l’auteur de Blason d’un corps en arrive à parler, d’une voix changée, d’un sujet « malaisé entre tous » : l’amour.