Andrée Sentaurens, née en 1907 à Mont-de-Marsan, épouse à dix-neuf ans un membre du Consulat Soviétique à Paris. En 1930, son mari est rappelé en U.R.S.S. Elle le suit. Le spectacle de l’Union Soviétique, où la crise économique et la crise du logement font rage, ne constitue pas sa première désillusion. En effet, dès son entrée à l’Ambassade, elle avait constaté partout la peur et la lâcheté. Peur de la police politique, lâcheté générale devant ses méthodes et ses moyens de pression. Son mari lui-même ne tarde.pas à lui inspirer un profond dégoût. Elle le quitte et devient la compagne d’un professeur suspect au régime, qui est arrêté en 1937 au moment des grandes purges. Elle est bientôt arrêtée à son tour. Dix-sept ans d’épreuves commencent. Andrée Sentaurens connaît les « camps de travail » de l’administration stalinienne. Elle ira de camp de travail en camp de travail avec des périodes un peu moins malheureuses et des recrudescences d’infortune. Le monde alors pour elle se divise en deux catégories : les fonctionnaires inhumains, et les victimes. Constamment, elle est en butte aux tortionnaires dont on ne sait s’ils sont plus zélés que peureux ; constamment aussi elle rencontre des compagnons qui lui apportent du réconfort, de l’aide et de l’affection. Tout au long de ses épreuves, Andrée Sentaurens a fait preuve d’un courage et d’une volonté de survivre qui forcent l’admiration. Cette Française, pleine d’énergie et d’honneur, avait aussi un don d’observation remarquable. Le tableau qu’elle brosse de la Russie, du peuple russe, de la bonté des malheureux, de la dureté du régime stalinien, sont d’une vérité que l’on ne songe pas à discuter.