Phil morte, la vie de Michel n’est plus qu’une longue fuite, un effort pour « tirer son épingle du jeu ». Réfugié auprès d’un couple de vieillards qui lui assurent une vie « facile et mortuaire », il s’enfonce dans une solitude qu’il croit protectrice. S’il écrit, ce n’est, d’abord, que pour mettre en quelque sorte les mots entre le monde et lui. Écrire ? On ne se débarrasse pas si facilement du poids du monde : Michel découvre, écrivant, parlant de la mort de Phil, que parler, c’est faire part, c’est partager un étonnement devant le Mal, éprouver dans l’angoisse le scandale commun et tenter de l’abolir au moins symboliquement. Tout le livre est la divagation inquiète de cet adolescent qui, échouant dans le retranchement, se découvre écrivain, c’est-à-dire ouvert. Mais, cette mission d’ouverture, sa vocation d’écrivain, Michel, révolté, ne l’accepte pas, ou l’accepte mal : il se perd dans le ressassement d’une douleur à laquelle, très vite, il ne parviendra plus à donner sens.