Ce roman fantastique, achevé en décembre 1967, contient de nombreux thèmes qui rencontrent fortuitement ceux exprimés pendant les événements de mai-juin 1968. Dans La Barbacane (ouvrage avancé garni de meurtrières et servant à défendre une porte, un pont…) se joue une lutte entre différentes factions qui prétendent faire l’Histoire, quitte à défigurer le passé. Balthus, Claire, Pierre Ier, Balthazar… des noms se succèdent, se répondent, revendiquant le pouvoir de mener comme bon leur semble la narration du drame. À ces pantins bavards s’oppose le groupe des Cas : séquestrés, contraints au silence, ils en sortiront par le meurtre afin de continuer à leur guise le récit de leur combat, burlesque, épique, hallucinant. Les conflits ne se résoudront qu’en un cataclysme inévitable et ce récit, qui tentait jusqu’alors d’affirmer une logique autonome, s’achève à Paris, investi par les Barbacaniens. Élaborée collectivement, La Barbacane porte la marque d’un désir : jeter les bases de nouvelles méthodes d’écriture. Michel Bézard et Gérard Gavarry, nés tous deux en 1946, sont étudiants en lettres à la Sorbonne. La Barbacane est leur premier roman.