Le premier geste du poète, naissant à la poésie, aura été d’abréger en Char le patronyme familial de Charlemagne. Fils de plâtrier, Char parle une langue enracinée dans son Vaucluse natal, ce coin de France entre Rhône et Sorgue, Apt et Montmirail. Mais, dépassant le terroir revendiqué, l’homme s’élève à l’universel, entretenant son dialogue avec les anciens Grecs comme avec ses maîtres d’élection : Hölderlin, Nietzsche et Rimbaud. René Char — charron et forgeron — s’est construit à coups de marteau dans une violence qui culmine à l’époque de la Résistance. Chez lui, la lutte armée, l’apprentissage de la fraternité et la découverte de la beauté du monde ont coïncidé. Ami des peintres et des musiciens — de Braque, de Giacometti, de Vieira da Silva, de Pierre Boulez — René Char est devenu, comme eux, proche de cette matière qui est esprit. Le livre de Christine Dupouy capte à sa source la genèse d’une œuvre et la suit dans sa croissance organique : de la nuit surréaliste à l’assomption idéale. Ce livre de critique comprend : un essai liminaire, une étude sur chaque recueil et titre publiés, une bio-chronologie, une bibliographie.