Le narrateur de ce livre crée imprudemment pour son imagination un magnolia. Cet arbre, qui devait lui apporter ombre, fraîcheur et sérénité, donne au contraire naissance à des personnages - imaginaires eux aussi - qui le tourmentent : Ursula, vieille bonne affreuse, pleine de haine et de reproches (qui l’a peut-être servi jadis) ; Marie, une petite fille terne et déplaisante (est-ce l’ombre de Thérèse, la fille enfuie du narrateur ?) ; enfin, le père et la mère de Marie. Dans un ultime effort, il déracine l’arbre maléfique. Les ossements qu’il découvre en dessous sont-ils ceux d’un cheval, d’un chien, de sa femme, seulement une racine ? Ou bien n’a-t-il fait que les imaginer, comme le reste ? Le narrateur cède à la petite fille. Il lui sacrifie sa « table rase ». Avec elle, il fabriquera de nouveaux souvenirs, de nouveaux fantômes pour l’avenir. Dans ce livre qui intrigue et qui fascine, Jeannine Worms entremêle, avec une vigueur digne de la grande tradition, l’imaginaire solidement concret et la réalité fortement irréelle.