Dans ce recueil, écrit vers 1910, François Mauriac jeune homme se penche sur son enfance et son adolescence pour leur dire adieu, car c’est sans doute à ce prix qu’on devient un adulte. Mais cet adieu est aussi une déchirure, car si l’enfance laisse à la mémoire des souvenirs de tendresse, les parfums des fleurs séchées, ceux des pins dans le vent et des bruyères d’automne, l’adolescence, elle, est faite de gravité et de tourments : « L’âge où l’on commence à rêver et se taire… ». Et ces vers, tout baignés de nostalgie et de bonheur, sont aussi traversés d’angoisses, de rêves aux accents baudelairiens et de souffrance. Car la mort vient de frapper un être cher. Le drame sans doute, c’est que pour devenir homme, il faut à la fois quitter une enfance qu’on regrette et, pour que l’adulte ne soit pas un bateau à la dérive, garder le souvenir de l’enfant qu’on a été : « Cet enfant retrouvé et si souvent perdu… ». On le sait, pour une bonne part, l’œuvre de François Mauriac est un déchirant adieu à l’adolescence. Ce livre publié pour la première fois en 1911, et qui est le deuxième de l’auteur de « Genitrix » et du « Nœud de vipères », en est l’amorce vibrante et sensible.