Cette longue enquête menée au cœur même des Renseignements généraux révèle l’ampleur insoupçonnée du rôle joué par ce service, durant la guerre froide, dans la surveillance du Parti communiste français. De l’« affaire Marty » à l’« eurocommunisme », de l’Afrique noire à la guerre d’Algérie, aucun moyen n’aura été négligé pour « contrer le communisme intérieur », surveiller ses dirigeants, découvrir les secrets de son « appareil » et ses liaisons internationales. Paradoxe apparent, ce sont des socialistes qui porteront dès le début de la guerre froide les coups les plus durs au Parti communiste. Dès la fin des années 50, les RG avaient percé la plupart des mystères de l’« appareil technique et commercial » du PC, établissant sur chacun de ses membres des notes détaillées. Certaines sont publiées dans ce livre qui nous fait partager au quotidien, à travers de nombreux témoignages, le travail de la « section communiste », longtemps restée une des plus secrètes de la direction des RG. Cette enquête va plus loin encore, en révélant les dessous de la lutte anticommuniste dans laquelle se côtoieront, au début des années 50, des socialistes, des pacifistes intégraux, d’anciens collaborateurs, des trotskistes, des francs-maçons et des policiers des Renseignements généraux. Autre révélation et non des moindres : un plan resté jusqu’ici secret, connu sous le nom de « répertoire spécial », prévoyait l’arrestation de plus de 2000 responsables communistes français. Les innombrables documents cités dans ce livre, y compris des notes d’écoute de la « section communiste » laissent peu de doute : ce combat qui a opposé pendant près de quarante ans les RG au Parti communiste fut « sans merci ». Constat livré après des mois d’enquête par Frédéric Charpier, écrivain et journaliste, spécialiste des questions de police et de sécurité, auteur notamment de « Contrat sur un pasteur » (affaire Doucé), « Au cœur de la PJ », co-auteur de « L’Affaire Hernu ».