Un cri vient de jaillir dans la nuit, troublant le calme de la prison. Je sais de quoi il s’agit : les gardes mobiles attaquent. Des voix surmontent le tumulte, je comprends que les flics ont ouvert les cellules et qu’ils matraquent les types qui se trouvaient dedans. La grève de la faim est terminée. Les coups, les cris redoublent, agrémentés d’insultes de plus en plus nombreuses. Avec mon tabouret, je cogne contre ma porte. Juste à l’endroit de la serrure. Je tape, je tape. Elle s’est ouverte d’un seul coup. Je me suis retrouvé sur la coursive, presque bêtement, devant des uniformes bleu marine casqués et harnachés comme pour une guerre de tranchées. Des crosses de fusils étaient levées sur moi. Au troisième coup, tout a commencé à devenir noir, et je me suis mis à hurler à m’en faire vomir. C’est à ce moment-là que j’ai perdu connaissance avec la certitude que l’on continuait à me frapper et que j’allais mourir là, pour rien ou presque rien, sans avoir pu me battre.