Victor Hugo composait trois cents à quatre cents vers en une matinée. Balzac a fait près de cent romans. Il arrivait à Simenon d’écrire cinq à six contes par jour. La simple énumération des œuvres de Beethoven requiert soixante-quinze pages... Quand ce dernier composait, sa tête était comme une forge flamboyante, et il devait copieusement l’arroser, au grand dam des locataires qui logeaient au-dessous de chez lui... Travaillant nuit et jour sur son gigantesque David de marbre, Michel-Ange affolait les passants par ses hurlements et la vitesse avec laquelle il maniait son ciseau... Vitesse incroyable dans l’exécution, polyvalence et densité dans l’œuvre, originalité dans des créations qui traversent des siècles, tout cela c’est le Génie. Mais outre l’innéité des dons, que se passe-t-il dans le cerveau d’un Génie, chimiquement, au moment même de l’explosion créatrice ? Depuis vingt ans, la biologie psychiatrique veut tout expliquer, ce sont ces découvertes que l’auteur a appliquées à l’étude de sept Génies, s’appuyant sur d’irréfutables témoignages, d’authentiques documents. Il est réductionniste quand il faut l’être, holistique quelquefois, c’est-à-dire analyste ou synthétique dans son étude. Dans génie, il y a gène ; l’auteur décrit, outre les processus chimiques de la création, ces grands catalyseurs que sont la souffrance parfois, la folie quelquefois, mais la fureur et la colère dans tous les cas. « Il n’y a de créations géniales que dans la colère » disait François Jacob, prix Nobel de Physique.