Cinquantenaire, la Fédération de la chimie occupe une place particulière dans l'histoire de la CFDT. Souvent perçue comme intellectuelle, exigeante et rigoureuse, sa culture l'a toujours amenée à accorder une même importance à l'action, aux moyens de sa mise en œuvre, et aux idées qui la portent.Le syndicalisme, tout à la fois produit et acteur de la société, n'a jamais considéré le périmètre de l'entreprise comme la limite infranchissable de l'intervention syndicale. Cette place accordée à la réflexion et à l'analyse, ce souci de l'autonomie et de l'émancipation des gens ont conduit, bien souvent, la Fédération de la chimie à prendre des positions à l'avant-garde de la Confédération. Ce fut le cas lors d'événements importants, comme la guerre d'Algérie, ou la déconfessionnalisation de la CFTC. La référence à l'autogestion, et l'analyse de la crise que nous connaissons, qualifiée - dès 1975 - de profonde, structurelle et inhérente au capitalisme, sont d'autres étapes marquantes de sa réflexion.À partir des années quatre-vingt, la Fédération de la chimie fait, de l'organisation du travail, un point stratégique d'investissement syndical, et prône - pour la CFDT - la nécessité de se doter d'un projet syndical rénové. Il ne s'agit pas, pour elle, de rechercher un nouveau dogme, mais de donner du sens à son action, et d'offrir des perspectives à des salariés - aujourd'hui sans repères - face au libéralisme, au populisme, et aux replis corporatistes.Nourri d'enquêtes auprès des acteurs - et non des moindres, puisque la Fédération de la chimie a fourni de nombreux responsables à la CFDT - et de plongées dans les archives, faisant revivre ceux qui ont animé cette fédération (portraits d'Edmond Maire et de Jacques Moreau, notamment), ce livre retrace l'épopée de ces chimistes peu ordinaires.