On peut voir, sur le mur d’une vieille auberge de Stratford, un Tobie en costume élizabéthain. L’auteur de Tobiolo a cru pouvoir user de la même liberté, non seulement dans le costume, mais dans sa conception du personnage, et faire quelques entorses à la version, d’ailleurs apocryphe, qu’on trouve dans la Bible. Le nom de Tobiolo suggère que l’histoire est passée par la Renaissance italienne. Mais, afin d’éviter les risques d’anachronismes, on s’est efforcé de créer un Tobie hors du temps. La parabole du gentil Tobie est celle de l’obéissance et de la grâce acceptée. Tobiolo, quoique des plus gentils, refuse finalement la grâce, parce que, sur son naturel, l’idée du péché ne mord pas. L’ange Raphaël a raté sa mission. Il ne sortira pas de l’aventure sans y laisser lui-même quelques plumes : c’est un ange très humanisé qui devra rendre ses comptes, un ange ayant appris combien le Mal peut être séduisant. Tobiolo, vers ses quarante ans, entreprend de mettre au point son histoire. Il s’interroge... il a su ce que Dieu pouvait faire pour les enfants des hommes ; il a accueilli volontiers - mais sans étonnement - les miracles. A-t-il eu tort de ne pas se laisser convaincre, et de préférer, à une morale pour lui très étrangère, la simple honnêteté humaine ? J.L.