Mai 68 a vu éclore maintes tentatives de vie communautaire qui, non sans rappeler les phalanstères du XIXe siècle, se sont constituées à partir d’un refus de la société. La plupart ont échoué, sauf Longo Maï : malgré les attaques, les calomnies, les tracasseries policières, cette communauté de vingt-quatre jeunes venus d’Autriche, de Suisse ou d’ailleurs pour s’installer en Haute-Provence, au pays de Giono, tient le pari de son nom, qui signifie en provençal « pourvu que ça dure ! » Elle compte maintenant deux cents membres. Pourquoi ? Peut-être parce que Longo Maï a dépassé le refus, parce qu’elle construit, essaime et développe de nombreux réseaux de solidarité internationaux. Parce que l’utopie s’accompagne toujours chez elle d’un souci du concret : la terre est devenue fertile, les troupeaux prospèrent, l’école du village rouvre, la musique et les éclats de voix y résonnent des nuits entières et une vraie radio libre, Radio Zinzine, y diffuse une parole des plus impertinentes. Luc Willette fait revivre les moments de lutte et de fête, les échecs et les victoires quotidiennes qui ont ponctué ces vingt ans de vie communautaire.