« Nous sommes faits de l’étoffe des songes ». Avec la voix de Prospero, les peintres maudits cherchent en eux-mêmes à résoudre l’énigme du destin sans savoir que leur revanche est inscrite à jamais dans leurs œuvres. Rembrandt, Goya, Gauguin, Van Gogh, Lautrec, Modigliani, Pascin, Utrillo, Soutine, Nicolas de Staël, autant d’appels désespérés, autant de corps à corps entre la création et le créateur, autant de chutes qui, demain, seront des victoires. A l’emprise de la douleur, de la maladie, du cauchemar, de la solitude ou de la pauvreté, ils répondent par un chant triomphal : « Derrière chaque chef-d’œuvre, écrit Malraux, rôde ou gronde un destin manqué. » Ce sont ces destins que Pierre Cabanne retrace dans ce livre. Celui de Rembrandt, le dieu déchu, de Van Gogh, l’halluciné, de Lautrec, le vaincu, de Modigliani, l’ange terrassé, de Pascin, l’éternel errant, d’Utrillo, le solitaire, de Soutine, le traqué, de Nicolas de Staël, le chercheur d’absolu — tous ces maudits pour qui, selon le mot de Nietzsche, «La nuit aussi est un soleil ».