A travers tout le Canada français, ce roman d’une ieune fille de vingt-trois ans, provoque autant de remous que l’a fait ici « Bonjour Tristesse ». Toute une génération s’y retrouve : « Ce roman est vrai. La petite jeune fille, qui, au fond de son cœur, assassine dans les délices du désespoir, elle n’est pas seule. Ses traits sont les nôtres ; elle est faite à notre image », lit-on dans la presse, et encore : « Cette rage, cette rancune soutenue, ce désir de vengeance, cette soif presque bestiale d’amour : tout cela est à nous ». Ce langage-là, et l’aveu de tout ce bouillonnement, voilà qui bouleverse toutes les idées que le public français se fait encore du Canada, de sa jeunesse et de sa littérature. Quelque chose se passe au pays de Maria Chapdelaine que nous ne pouvons plus ignorer : des barrières sont renversées, des soupapes sautent. Quelques-uns des livres que nous avons publiés dans cette collection témoignaient déjà, à leur manière, de cette « révolution ». Mais aucun plus gravement et plus totalement que celui-ci, que, déjà, toute une jeunesse, au vieux pays de Québec, brandit comme un drapeau.