A Bogota, où Paul VI avait ouvert le Congrès eucharistique mondial, au milieu du rouge et du violet des cardinaux et des évêques qui emplissaient le chœur de la cathédrale Santa-Fé, une tache noire retenait le regard : la soutane de Don Helder Camara, archevêque de Recife. Quelques minutes plus tôt, il avait fallu l’intervention de plusieurs personnalités pour que les policiers à mitraillette laissent pénétrer dans la cathédrale ce prêtre qui ressemblait davantage à un curé de campagne qu’à un prélat. C’est l’histoire de cet homme que beaucoup considèrent comme un prophète et vénèrent comme un saint, l’évêque des pauvres, l’apôtre des « favelles » — les bidonvilles des grandes villes d’Amérique latine — qui a inspiré à Roger Bourgeon le livre que voici. S’il a changé les noms — le héros s’appelle ici Don Enrico Esteban — situé l’action dans un Etat fictif, c’est uniquement pour ne pas gêner l’action de ceux qui, là-bas, mènent le grand combat contre la misère et l’injustice. Voici un récit que tout le monde doit lire pour comprendre le drame de l’Eglise en Amérique du Sud.