« Pour savoir ce que c’est que la vie de mineur, il faut se dire qu’on y est condamné jusqu’à la mort, malgré les coups durs, les dangers, la misère. Faire une année de travaux forcés, ce doit être terrible, mais y être condamné à perpétuité... » Ainsi s’exprime Constant Malva dans « Ma nuit au jour le jour », écrit en 1937 et publié seulement quinze ans plus tard — et d’abord, en extraits, dans Les Temps modernes en 1947. De son vrai nom Alphonse Bourlard, Constant Malva est né en 1903 dans le Borinage en Wallonie. Fils de mineur, toute sa vie a été marquée par la mine : il a passé vingt ans dans la fosse et il est mort en 1969 des suites de la maladie professionnelle de la mine, la silicose. N’ayant même pas son certificat d’étude primaires, il a voulu écrire, pour témoigner, avec obstination. « Ecrire est un moyen de m’épancher, c’est une longue confidence à mes frères anonymes perdus dans la même nuit. » Ma nuit au jour le jour est un des grands livres produits par le groupe des « Ecrivains prolétariens » qui s’est constitué dans les années 1930. Mais c’est surtout un témoignage, un réquisitoire sur la vie des mineurs du Borinage. « J’ai voulu démystifier ceux qu’on appelle les "héros du sous-sol". Quelle invraisemblance. Il est difficile d’être un héros en consentant au sort d’esclave. » L’introduction de Bruno Mattéi replace dans le contexte historique et social de l’époque, Constant Malva et son récit « au ras des gestes » à l’encontre de toute l’imagerie traditionnelle.