« À quoi comparer la tentative de Jean Tur ? À celle de Tolkien et de sa civilisation d'elfes ? Ou à celle de Melville de Mardi ?Le continent, que ce forcené du rêve a tiré du néant, serait - comme il lui fut dit après coup - celui de Mû, terre parfaitement véridique, mais préexistante à l'homme, qu'un bouleversement du Pacifique fit disparaître. De l'empire mavaé, dit "des vaisseaux", Jean Tur a dressé le panorama énorme et minutieux ; dessinateur, il a commencé par réaliser graphiquement cet imaginaire, en s'inspirant, pour la silhouette des indigènes, de grandes araignées africaines. Tels seront, grêles et armés de pied en cap, les habitants d'un monde maritime, dont la flotte sera chargée d'une redoutable mission : proposer l'alliance à un peuple de farouches Amazones vivant sur seize îles, les Agginn. C'est l'amiral (dire "arkonn", en mavaé) nommé Tecla, qui conduit les trahs, grands bateaux de course, vers cet archipel en forme de sexe féminin où, le prévient-on, il y a neuf chances sur dix pour qu'ils soient tous massacrés… Sur cet argument, s'édifie un poème en prose torrentiel, qui roule par lames successives comme l'océan, et où sont absorbés, polis, rejetés et repris, tour à tour, d'immenses thèmes philosophiques, érotiques, mystiques, dans un langage sans cesse réinventé. Des pages abasourdissantes - l'adjectif utilisé ici comme la meilleure des louanges.Prophétisons à notre tour : on ne verra pas de sitôt s'effacer le sillage littéraire de l'arkonn Jean Tur. » Extrait d'un article du "Magazine littéraire" sur le précédent roman de Jean Tur : « La harpe des forces ».